La comédie d’une vie qui se termine, d’une autre qui doit continuer, d’une relation père/fils dans laquelle on ne sait plus très bien qui fait quoi, d’un rapport qui s’inverse, ou pas… Le récit étrange d’une maladie qui avance, d’une mémoire qui recule, d’un pilier qui se désagrège, de répétitions, de répétitions, d’un trajet interminable entre Carcassonne et Bruxelles, entre la vie et la mort, entre le désespoir qui abat et le rire qui guérit… Tellement juste qu’on y reconnaît tous un proche qu’on aime ou qu’on a aimé.

Nous sommes debout, face à face dans cette chambre d’une austérité bolchévique. Je suis intérieurement à l’agonie filiale. Son calvaire mental et spatio-temporel n’est plus atténué que par des ersatz de plaisir comme celui qu’il est en train de vivre (le père et le fils mangent une tartelette à la framboise). Faisant néanmoins contre mauvaise fortune bon cœur, nous savourons. (…) Le temps passé en ma présence est du temps d’un tout petit reste de vie, d’un tout petit reste de l’homme qu’il a été ; il faut lui en faire profiter. Donc nous parlons d’autre chose : je répète ce que j’ai dit la veille, l’avant-veille, l’avant-avant-veille, etc. Lui pose les mêmes questions, dresse les mêmes constats. Rien de nouveau.

Xavier Benout – c’est son histoire, où il jouera son propre rôle de fils – déploie son écriture dans une langue concrète, avec humour et ironie, et avec une précision journalistique. La pièce se situe à la frontière entre le témoignage et le théâtre. L’alternance entre la parole directe et la mise en situation bouscule et crée une complicité avec le spectateur. Le tout confronte chacun à la fragilité de notre condition de mortels. Et contre toute attente, c’est drôle. Parce qu’il faut rire de tout. Parce que l’humour est la politesse du désespoir.

Distribution :

Mise en scène: Peggy Thomas, assistée de Jean-Marc Amé et Simon Hommé
avec: Xavier Benout et Eric De Staercke
Création sonore: Jean-Marc Amé
Scénographie: Vincent Bresmal
Création lumière: Pier Gallen