Rencontre littéraire animée par Eric Brucher avec Martine Wijckaert.
Repas mitonné par Gabriella Van Damme.

Domus, maison.
Nous sommes à la maison et Journal d’Yvonne, deux récits du temps domestique, deux récits de maisons familiales saisies au travers d’une réalité anamorphosée.
Deux maisons donc, l’une de peu, l’autre d’opulence, mais l’une comme l’autre territoire des vivants qui dansent avec des spectres, l’une comme l’autre territoire d’héritage et de transmission.
Domus, deux maisons, l’une où l’on doit tuer pour vivre, l’autre où l’on doit demeurer pour mourir.
Des textes à la sauvagerie poétique, organique et crue – où des lumières insolentes jaillissent de la fange et de l’effroi.
Des textes de résistance aux conformismes et normes aseptisées.

Martine Wijckaert est une femme haute en couleur et femme de théâtre, et cela se perçoit : Domus est rédigé comme un monologue tonitruant de théâtre moderne. Pour moi, c’est la langue de ces deux textes surtout qui me met en joie : dionysiaque et emplie de vitalité, impudique et haletante, truculente, sonore et grandiloquente. Et puis, derrière la sauvagerie qui ne craint pas la saleté se niche une infinie tendresse.
Cette image que j’aime : d’innombrables ailes palpitantes de papillons jaunes débordant à ravir la chevelure d’une vieille femme.
Domus, c’est une expérience de lecture qui secoue, où il faut accepter de lâcher ses repères, notamment ceux d’une complète compréhension ou d’une maîtrise. Et rappeler Antonin Artaud qui disait: « Là où ça sent la merde, ça sent l’être ».
Éric Brucher

Martine Wijckaert est fondatrice du théâtre La Balsamine (Bxl). Elle est metteure en scène, comédienne, a été enseignante d’art dramatique à l’INSAS.
Elle est l’auteure de nombreux récits et textes pour le théâtre.
Elle a notamment reçu le prix triennal de théâtre de la Fédération Wallonie-Bruxelles 2015-2018.
Sa pièce, « vaudeville mythologique », Forêts paisibles a récemment été jouée au Théâtre National, deux autres volets y feront suite.